ZOOM SUR… la mise en place de la REP PMCB le 1er mai 2023

Zoom sur… La mise en place de la REP PMCB le 1er mai 2023

Comment les normes de construction influencent la nature et les volumes de déchets du bâtiment générés aux Antilles ?

 

Ca y est !  Après quelques controverses et un report de quelques mois obtenu fin 2022, la filière à Responsabilité Elargie des Producteurs Produits et Matériaux de Construction du Bâtiment (REP PMCB) sera opérationnelle à partir du lundi 1er mai 2023.  L’activation de cette filière REP génère des craintes importantes en raison de son impact sur les niveaux de prix des matériaux de construction qui sont déjà tendus. Mais cette filière REP viendra d’un autre côté apporter des solutions opérationnelles à la fin de vie des matériaux de construction, une problématique que le projet d’adaptation des normes de construction applicables aux Antilles françaises a identifié comme enjeu. Les choix constructifs, donc les matériaux qui sont privilégiés pour la réalisation des bâtiments vont nécessairement influer sur les volumes et surtout la nature des déchets que va générer à terme l’activité de construction les territoires de Guadeloupe et de Martinique.

Rappelons qu’à l’échelle nationale le secteur du BTP génère bon an, mal an 240 millions de tonnes de déchets. Il est ainsi le plus gros producteur de déchets, responsable d’environ 70 % des déchets générés en France. 15% de ce tonnage, soit environ 37 millions de tonnes, pourraient vivre une seconde vie, qu’il s’agisse de matériaux de gros œuvre ou de second œuvre. Ce sont autant de volumes qui échapperaient à la mise en dépôt contrôlée ou plus grave à la mise en dépôt sauvage. En territoire insulaire, ces enjeux de mise en dépôt se posent avec une acuité extrême compte tenundu nombre limité d’exutoires notamment pour les volumes majoritaires que constituent les inertes (béton, briques, carreaux, verre…), de l’absence des certaines filières d’élimination justifiée par la faiblesse des volumes à traiter et du caractère extrêmement vulnérable des écosystèmes exceptionnels des deux îles antillaises.

Comme partout ailleurs, favoriser le développement d’une économie circulaire est désormais un enjeu majeur pour la filière construction dans les Antilles.

Toutefois, le réemploi de matériaux de construction nécessite en amont l’identification de la nature, de la quantité, et de la disponibilité des matériaux issus des chantiers de déconstruction. Il va également se poser la question des normes de construction applicables pour ces matériaux recyclés. Beaucoup de chantiers de déconstruction ne proposent in-fine que des éléments d’ouvrages obsolètes du point de vue normatif. Il faudra à l’avenir étudier comment les normes pourront évoluer pour au besoin favoriser le réemploi. Mais la réflexion doit bien intervenir dès la conception de l’ouvrage en faisant les choix de matériaux les plus susceptibles d’être concernés par l’économie circulaire. Au-delà du prix et des caractéristiques techniques des matériaux disponibles, il y a tout intérêt à intégrer la question de la fin de vie de ces différents matériaux comme critère de choix.

Le choix d’introduire les cloisons en placoplâtre en remplacement des traditionnelles cloisons en maçonneries de briques de terre-cuite ou d’agglomérés de béton, le choix de poser des sols souples en lieu et place des traditionnels carreaux grès-cérame, le choix de climatiser un nombre croissant de logements (donc de poser des équipements) plutôt que d’accélérer le retour à des solutions de confort thermique plus naturelles (circulation d’air et installation de brasseurs d’air) sont autant d’exemples qui montrent combien ces choix sont impactants sur les volumes et la nature des déchets du bâtiments que produiront nos territoires. La démarche d’adaptation des normes de construction en cours ne consiste bien entendu pas à interdire des matériaux techniquement adaptés, mais rien n’empêche à des règles professionnelles d’influencer les choix de matériaux.

Certains participants aux groupes de travail du projet BatiSolid ont même exprimé l’idée que les matériaux trop chers à traiter ou ceux qui ne sont pas recyclables devraient faire l’objet d’avis réservés ou de recommandations « restrictives ». Un système de notation (scoring) ou de label pourrait à terme également permettre de prendre en compte ce paramètre « fin de vie ».

Ressource bibliographique : Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires