TROIS QUESTIONS À GRÉGORY LEFEBVRE – Chef de l’Unité Bâtiment Durable – DEAL MARTINIQUE

Quel est le sens de l’engagement de la DEAL au sein de la CERC de Martinique et pourquoi ce projet BatiSolid d’adaptation des normes de construction a-t-il été confié à cette structure ?

En premier lieu, la DEAL Martinique participe à la gouvernance au plus haut niveau puisque son directeur est le 2ème vice-président de la CERC. Cela implique qu’elle est très concernée et, qu’ensemble, nous partageons la même ambition, à savoir mobiliser les acteurs au sens large de la construction pour mettre en place les leviers permettant d’assurer une activité dynamique sur le territoire de la Martinique.

Le sujet de l’adaptation des normes au contexte ultra-marin n’est pas une démarche nouvelle, mais force est de constater que, depuis les règles Antilles établies dans les années 80, le sujet avait été quelque peu oublié à tort. Ces dernières années, certainement en lien avec le passage de l’ouragan Irma sur Saint Martin, les revendications des experts locaux, en particulier ceux de la Martinique, ont été entendues. Et je m’en félicite !

La CERC, depuis sa création en 2018, n’a cessé d’être une instance d’échanges et de de consensus. Le pilotage de la démarche d’adaptation des normes de la construction par cette instance est donc, logiquement, apparu comme une évidence.

 

En matière de règles et de normes, le citoyen voit surtout le rôle de l’Etat comme celui d’un acteur qui impose, contraint et sanctionne. Or, pour les problématiques de construction, ce sont surtout les professionnels qui définissent eux-mêmes les normes applicables.  Comment la DEAL peut-elle aider à rétablir cette vérité au travers du projet BatiSolid ?

Si l’Etat, effectivement, « impose, contraint et sanctionne », pour reprendre vos mots, il n’a de cesse que de faire évoluer les règles de construction pour améliorer notre quotidien, protéger les populations et répondre aux préoccupations de chacun. Dans le cas présent, l’idée est d’être à l’écoute des professionnels des Antilles, mais aussi, dans la mesure du possible, des autres territoires de l’Outre-mer, pour intégrer les spécificités afin d’être pleinement en phase avec nos réalités.

Pour ce faire, le rôle de la DEAL Martinique est double : en tant que membre de la CERC, il nous appartient d’être chef de file dans l’animation de la démarche et de s’assurer que toutes les voix seront entendues. En outre, et c’est certainement notre rôle le plus important, il nous appartiendra d’être le relais avec les instances parisiennes pour que les propositions qui sortiront des différents ateliers soient retenues, puis traduites en termes de règles normatives applicables.

 

Un des objectifs du projet BatiSolid est de redonner la parole aux territoires en ramenant la production normative vers les acteurs-utilisateurs ultramarins. Qu’attend l’Etat en retour de ces acteurs locaux ?

D’abord et avant tout, une mobilisation des acteurs de la construction car ils sont la clef de la réussite du projet. Le défi est de taille, le travail à réaliser est considérable mais les moyens financiers mis en œuvre pour y arriver, notamment pas l’État, sont à la hauteur des ambitions portées. Je le vois, au travers des ateliers déjà en place, la dynamique est là et la volonté d’être au rendez-vous est bien présente.

Outre cet exercice normatif, il me semble utile, dans un second temps, de pérenniser, voire de développer, les instances comme la CERC sur notre territoire. Ce sujet est capital pour mettre en place une stratégie qui prenne acte de nos spécificités. Les chantiers ne manquent pas et nombreux sont les professionnels à mobiliser, former et accompagner la dynamique mise en place.

Enfin, un rapprochement avec les autres territoires d’Outre-mer me semble une nécessité car « nos problèmes » sont souvent « leurs problèmes » et les réflexions à porter peuvent être partagées. Une première action en ce sens a déjà été opérée avec le rapprochement entre les 2 CERC de Guadeloupe et de Martinique. De telles pratiques sont à développer car elles permettront de démultiplier nos actions au profit de l’intérêt de la construction et, par ricochet, du développement économique de nos territoires.