Zoom sur le dernier rapport du GIEC sur le changement climatique et les risques associés : Quelles conséquences sur les évolutions de la conception du bâti et des infrastructures ?

Zoom sur le 6ème rapport du GIEC Impacts, adaptation et vulnérabilité  : Quelles conséquences sur les évolutions de la conception du bâti et des infrastructures ?

Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) se succèdent et ils montrent à chaque publication que la menace d’un dérèglement climatique généralisé se profile. Le rapport publié le 28 février dernier ne fait pas exception et les Antilles qui ont une sensibilité particulière à certains des phénomènes naturels dont l’intensification est annoncée doivent désormais tirer dans l’urgence des conclusions pour accélérer leur adaptation.

La première partie du rapport est consacrée aux effets actuels du réchauffement climatique (+1,09°C en 2021) sur les populations et les écosystèmes. Les experts admettent à présent que ces effets sont irrémédiables, même dans l’hypothèse d’une limitation de la hausse des températures à 1,5°C comme fixé dans l’accord de Paris.

 

La vulnérabilité du bâti et des infrastructures des territoires insulaires des Antilles françaises est bien connue. Dans le contexte de dérèglement climatique, cette vulnérabilité ne pourrait que croître … sauf à adapter au même rythme les enjeux. Le projet BatiSolid est une traduction très concrète de l’ambition des territoires d’adapter leur bâti et leurs infrastructures via l’évolution du corpus normatif applicable.

 

A quoi faut-il s’attendre ?

 

Les experts prévoient pour la zone géographique des Caraïbes :

  • Des ouragans plus intenses
  • Des épisodes de pluies extrêmes plus fréquents et encore plus intenses
  • Des périodes de sécheresse prolongée et des vagues de chaleur
  • Une élévation du niveau des mers couplée à une destruction des récifs coraliens victimes du phénomène de blanchiment

 

Aussi, les principaux risques induits pour les constructions concerneront :

  • Les vents cycloniques
  • Les inondations torrentielles et de plaine
  • La submersion marine
  • Le retrait-gonflement des argiles
  • Les chocs thermiques et les températures plus élevées

 

Tous ces risques vont mettre à mal les constructions et leurs occupants, ramenant inexorablement les bâtisseurs aux 6 enjeux fondamentaux identifiés pour la démarche BatiSolid d’adaptation des normes de construction (figure ci-dessous).

 

A chaque pas dans la démarche engagée par les professionnels antillais, on retrouve donc des préoccupations issues du changement climatique. La solidité du bâti et des infrastructures et les coûts associés sont certainement les domaines dans lesquels le travail engagé est le plus visible. Mais le confort des habitants dans les logements et les bureaux et les consommations énergétiques induites vont devenir des préoccupations grandissantes.

Cependant, on peut aussi reconnaître que la réponse réglementaire traduction de la gestion administrative de l’occupation des sols qui est apportée à certaines menaces atteint ses limites dans des territoires vallonnés et exigus où le foncier à bâtir est rare. Les populations attendent d’autres réponses qui cadrent mieux avec leurs modes de vie vernaculaires.

La démarche initiée par les CERC antillaises porte donc une double ambition :

  • Co-produire des normes et recommandations professionnelles adaptées et reconnues y compris pour des sujets traités aujourd’hui de manière exclusive par une réglementation urbanistique
  • Favoriser l’innovation, de matériaux ou de techniques constructives et générer des opportunités économiques pour les territoires en lien avec l’adaptation au changement climatique et aux risques majeurs

 

La construction de la résilience du bâti et des infrastructures face au défi du changement climatique sera néanmoins un exercice long et compliqué mais s’engager résolument sur ce chemin n’est plus une option mais bien une obligation.