TROIS QUESTIONS A ALAIN CORIDON – Président du Comité technique Action Logement MARTINIQUE

TROIS QUESTIONS A M. ALAIN CORIDON – Président du Comité technique Action Logement MARTINIQUE

 

Bonjour M. Coridon, pouvez-vous nous rappeler ce qu’est Action logement et ce qu’est le Plan d’Investissement Volontaire (PIV) ?

 

Depuis près de 70 ans, la vocation d’Action Logement, acteur de référence du logement social et intermédiaire en France, est de faciliter l’accès au logement pour favoriser l’emploi. Action Logement gère paritairement la Participation des Employeurs à l’Effort de Construction (PEEC) en faveur du logement des salariés, de la performance des entreprises et de l’attractivité des territoires. Grâce à son implantation territoriale, au plus près des entreprises et de leurs salariés, ses 19 000 collaborateurs mènent, sur le terrain, deux missions principales :

  • Construire et financer des logements sociaux et intermédiaires ; Ozanam est la filiale du Groupe en Martinique gérant près de 11 000 logements sociaux.
  • Accompagner les salariés dans leur mobilité résidentielle et professionnelle ; la Direction territoriale et Martinique habitat gèrent les dossiers en proximité.

En 2019, les Partenaires sociaux ont engagé, pour la première fois dans l’histoire du mouvement, une politique volontariste pour l’Outre-Mer déclinée dans le cadre du Plan d’Investissement Volontaire en Outre-Mer (PIV DROM). Décliné territorialement après une concertation avec l’ensemble des acteurs territoriaux ainsi que les Ministères des Outre-Mer et du Logement, ce programme entend apporter sur les territoires des réponses structurantes face à l’urgence, en lien avec le Plan Logement Outre-Mer 2019- 2022. Pour la Martinique, il s’agit de revitaliser les centres-villes et les centres-bourgs et de répondre aux besoins de logement des jeunes. Dans ce cadre, une enveloppe de 50M€ a été dédiée à l’émergence de projets innovants grâce notamment à des fonds d’amorçage considérant les outre-mer comme laboratoires d’idées et précurseurs dans leur singularité.

 

Action logement a répondu favorablement à la demande de financement de la CERC de Martinique pour accompagner le développement du projet BatiSolid d’adaptation des normes de construction applicables aux Antilles. Qu’attendez-vous de ce projet de production de normes plus adaptées au contexte antillais ?

 

L’utilité sociale est au cœur de l’ADN d’Action logement et de ses missions qui sont de contribuer à relever les défis sociétaux, économiques et environnementaux mais aussi de faciliter la relance de la construction et de la rénovation de logements avec un ancrage local fort.

Il faut savoir que ce projet a été l’un des tout premier présenté à Action Logement au lancement du programme innovation. Il nous a permis de rentrer concrètement dans les réalités de la Martinique et l’adaptation des normes de construction est un volet essentiel pour assurer la qualité globale du bâti mais aussi la montée en capacité de résilience dans un contexte prégnant lié aux changements climatiques. L’innovation pour la construction parasismique est au cœur de la stratégie d’accompagnement des projets à la Martinique. En tant que financeur du logement social, il est important en amont de maitriser des techniques et des référentiels permettant de répondre aux enjeux forts du territoire. Ce projet a également vocation à inciter à des collaborations à l’échelle des Antilles mais aussi à valoriser les bonnes pratiques et assurer l’échange d’expérience avec les acteurs de l’habitat et de la construction. L’intérêt d’une telle démarche collaborative comme il est proposé par BatiSolid réunissant les financeurs, les constructeurs, les entreprises, l’Etat et les collectivités est bien de progresser collectivement et ainsi de proposer de nouveaux matériaux ou modes constructifs adaptés au territoire.

Enfin l’intérêt sera de porter ces sujets au national pour faciliter la production notamment de logements mais aussi permettre à l’ensemble des professionnels d’en bénéficier et pourquoi pas le diffuser dans la Caraïbe.

 

Vous financez d’autres actions dans le cadre du PIV. Quels prolongements naturels ou possibles voyez-vous à ce travail sur l’adaptation des normes en matière de structuration de la filière Bâtiment et Travaux Publics ?

 

Tous ces travaux engagés sont systémiques et il est évident qu’un décloisonnement sera engagé entre tous les acteurs mais également entre projets lorsque ces derniers sont corrélés. La structuration des filières est un point clé qu’Action logement veut soutenir dans le seul objectif de produire du logement plus durable, économe et abordable. Les passerelles sont indispensables pour que la chaine de production soit efficiente. Le numérique est un outil à exploiter dans une démarche RSE là aussi un axe fort réaffirmé par le groupe et comme prolongement naturel des travaux d’adaptation des normes (des approvisionnements facilités, du monitoring plus régulier, des réductions de coûts….). L’accompagnement des acteurs du bâtiment et des travaux publics avec des démarches facilitant leurs activités et prenant en compte la vulnérabilité des territoires ultramarins doit être encouragé. Aujourd’hui, l’urgence climatique mérite une attention toute particulière d’autant plus sur ces territoires insulaires et soumis à des agressions diverses. Le bâtiment peut contribuer au verdissement des territoires et le groupe Action Logement continuera à accompagner toutes ces initiatives locales.

Enfin et pour replacer ces projets dans un contexte plus global, le dernier rapport du GIEC nous rappelle aussi l’impact catastrophique du réchauffement climatique sur les populations et notamment les plus précaires. Je crois que notre responsabilité va au-delà et doit nous inviter à penser global tout en agissant local.

 

Faire mieux et plus est au cœur du Plan d’Investissement Volontaire,  plan que nous souhaitons pérenniser tant les enjeux sont forts.