TROIS QUESTIONS A JEAN-FRANCOIS CACLIN – Président du CROAM

Q1 : Bonjour Monsieur Caclin, vous êtes le président du Conseil Régional de l’Ordre des Architectes de la Martinique. Pouvez-vous nous rappeler les missions essentielles de l’architecte dans les projets de construction et nous préciser le rôle du CROAM ?

L’Ordre des Architectes (instance nationale, subdivisée en Conseils régionaux) est un organisme de droit privé avec une mission de service public conférée par l’état au travers de la loi sur l’architecture du 3 janvier 1977.

A l’instar des autres professions règlementées, sa mission est de régir l’exercice de la profession pour garantir le respect de l’intérêt public de l’architecture ; assurer au grand public et aux acteurs institutionnels une pratique respectueuse des lois mais aussi des règles de la profession. Aussi il convient sans doute de rappeler que l’Ordre n’est ni un syndicat, ni une institution corporatiste : il est au service de la société.

Son autre mission est de représenter la profession auprès des pouvoirs publics et des décideurs privés dans l’esprit de « l’intérêt du public » de l’architecture. Ainsi, par sa neutralité et son objectivité, l’Ordre est un organisme de légitimation de la profession, de son image, de ses pratiques et de ses savoir-faire.

La vocation de l’architecte est de participer à tout ce qui concerne l’acte de bâtir et l’aménagement de l’espace ; d’une manière générale, il exerce la fonction de maître d’œuvre. Outre l’établissement du projet architectural, l’architecte peut participer notamment aux missions suivantes que sont :

  • aménagement et urbanisme, y compris élaboration de plans ;
  • lotissement ;
  • élaboration de programme ;
  • préparation des missions nécessaires à l’exécution des avant-projets et des projets, consultation des entreprises, préparations des marchés d’entreprises, coordination et direction des travaux ;
  • assistance aux maîtres d’ouvrage ;
  • conseil et expertise ;
  • enseignement.

 

Q2 : De nombreux architectes, dont vous-même, participent activement au projet BatiSolid d’adaptation des normes de construction applicables aux Antilles. Quels sont les apports et contributions spécifiques des architectes à cette démarche de réappropriation et de contextualisation de la fabrique de la norme ?

Les apports et la vision des architectes dans cette démarche sont me semble-t-il essentiels (et j’espère ne froisser aucun contributeur en exprimant ce propos).

Je m’explique…

Dans cette démarche qui réunit tous les maillons de la chaine de l’acte de bâtir (maitres d’ouvrages professionnels, concepteurs, contrôleurs techniques, constructeurs…), nous retrouvons beaucoup d’intervenants spécialisés dans certains domaines et c’est une bonne chose.

Les valeurs ajoutées par les architectes sont le regard et l’approche transversale (ou holistique) des problématiques abordées.

En effet, si les contraintes techniques et économiques sont souvent prégnantes, nos formations et sensibilités nous amènent à les traiter sans omettre les dimensions et considérations d’ordre social, environnemental, patrimonial, etc.

Et c’est en ce sens, que je pense essentiel que les architectes contribuent largement à ce projet.

 

Q3 : Vis-à-vis de vos clients, personnes physiques ou personnes morales, comment pensez-vous capitaliser à l’avenir sur les acquis et livrables du projets BatiSolid Antilles ? En clair, que va apporter ce projet à votre profession ?

A titre personnel, je vois en le projet BatiSolid le point de départ de quelque chose de plus grand encore, et c’est ce que je nous souhaite.

En effet, il s’agit là d’un laboratoire exceptionnel de l’apprentissage de la collaboration transversale, lieu d’expression d’une intelligence collective autour d’une volonté partagée de faire progresser notre secteur, au service de l’intérêt général.

Je nous souhaite que nous en ressortions avec des résultats ambitieux, nous permettant de mettre en œuvre effectivement et largement, un processus de déploiement de la résilience de notre cadre bâti et de notre cadre de vie plus généralement.

Et pour ce faire, il faudra plus qu’un cadre règlementaire…