Dans les Antilles, les constructions sont soumises à des nombreux agents agressifs, embruns, gaz issus de la décomposition des algues sargasses, humidité, chaleur, rayonnements UV, proximité d’une végétation particulière. Les conséquences de l’impact des ces agents sur les murs de façade revêtus de peinture ne sont pas neutres. Un tour d’horizon du bâti territorial de Guadeloupe et Martinique montre que de nombreuses constructions souffrent d’un encrassement des façades et de salissures diverses qui sont la conséquence de développements fongicides incontrôlés.
Cet encrassement représente avant tout un problème esthétique dont les conséquences sont bien plus profondes qu’on ne peut le penser sur le bien-être des occupants des logements et sur l’image des quartiers où se multiplient ces constructions dégradées. Ce problème esthétique peut aller jusqu’à une impression d’insalubrité.
La problématique de dégradation esthétique des façades induit également un sentiment de défaut d’entretien, de manque d’intérêt, voire d’abandon qui nuit grandement à l’image du ou des propriétaires immobiliers. Elle peut conduire à un moindre respect du bien immobilier, voire à sa dégradation par ses occupants. Ces questions se posent aussi bien pour le parc immobilier des bailleurs sociaux que pour les copropriétés privées, notamment celles ou les propriétaires-occupants sont en plus faible proportion.
Résidence Ravine Touza – Schoelcher
Dans des cas, heureusement rares, les façades présentent des défauts d’étanchéité liés à une dégradation du revêtement de peinture et/ou une fissuration du support. Ces infiltrations peuvent dans les cas extrêmes être traversantes, entraînant des sinistres à l’intérieur des logements. Ces sinistres sont avant tout esthétiques (efflorescences, tâches), mais ils conduisent systématiquement à une dégradation de la qualité de l’air à l’intérieur des locaux et à l’apparition de réactions allergènes chez certains individus.
Ces défauts d’étanchéité peuvent résulter de phénomène de microfissuration en lien avec l’activité sismique intense aux Antilles et également des chocs thermiques. Une façade exposée au soleil et pour laquelle les surfaces atteignent des températures très élevées, notamment parce qu’elles ont pris une teinte noirâtre, et sur laquelle s’abat une pluie tropicale, est soumise à un choc thermique violent.
La qualité des supports, la qualité des peintures, puis l’entretien des façades durant le service de l’ouvrage conditionnent le niveau de sinistralité à attendre.
Le travail mené au sein du GT BatiSolid n°5 sur l’adaptation des NF DTU, 59.1 « Travaux de peinture – Revêtements de peinture en feuil mince, semi-épais ou épais » et 42.1 « Réfection de façades en service par revêtements d’imperméabilité à base de polymères » explorent ces problématiques. Le NF DTU 42.1 ne concerne que les façades en service, c’est-à-dire les opérations de ravalement de façades. Cependant, aux Antilles, les experts-contributeurs voudront certainement qu’il soit étendu aux travaux neufs, puisque la problématique d’étanchéité des façades se pose avec acuité dès la construction des maisons et immeubles.